Notre papier s’est affranchi des codes de la communication scientifique et a attiré plus d'attention que prévue. Nous avons rédigé un second article expliquant le rôle de la satire dans la conservation au XXIème siècle, également publié dans Trends in Ecology and Evolution. Le magazine The Atlantic a par la suite publié un texte en ligne sur nos articles et discuté du rôle de la satire, expliquant que des études ont montré que lorsqu'il est question de transmettre des messages scientifiques, la satire peut être plus efficace que la sincérité. Un quotidien régional français de Bretagne, Le Télégramme, a egalement parlé de notre satire (« Des S.O.S. qui se perdent dans la nature », p.44, Mercredi 14 novembre 2018), expliquant que, entre comique et tragique, la réponse de l’humanité aux scientifiques est que le mode de vie moderne n’est pas négociable et qu'il faut miser sur la mise en concurrence entre l’industrie et les services rendus par la nature (et en supprimant toute protection qui est « un avantage concurrentiel indu »).
Notre satire a également été reprise par Vigousse, un magazine hebdomadaire satirique Suisse. Le magazine explique qu’on a assez accusé les humains de détruire la planète. Heureusement, des scientifiques posent enfin la bonne question : la Terre en fait-elle assez pour s’adapter à nous ? L’article développe ensuite le propos comme suit: « L’environnement, ça commence à bien faire », a dit un ancien président de la République française. C’était en 2012, autant dire qu’il n’avait encore rien vu ! Franchement, ça fait déjà bien trop longtemps que ça commence à bien faire, l’environnement. Marre à la fin, tout est toujours de notre faute. L’effet de serre, le réchauffement, la fonte des glaces, la déforestation, la disparition des espèces, la couche d’ozone, la mort des abeilles... pitié, lâchez-nous les baskets ! Tiens justement, vous connaissez la différence entre des baskets Nike et un rhinocéros ? Eh bien le rhinocéros, tout le monde s’en fout.. La suite de l’article est accessible en PDF page 7 du numéro 384.
Notre article satirique a aussi été recommandé à deux reprises par F1000Prime, qui identifie et recommande des articles importants dans des publications de biologie et de recherche médicale. Les articles sont sélectionnés par une "Faculté mondiale", composée des plus grands scientifiques et cliniciens du monde qui les évaluent et expliquent leur importance. Voir: Joly E: F1000Prime recommandation of [Chapron G et al., Trends Ecol Evol (Amst) 201833 (9): 651-652]. In F1000Prime, 28 Aug 2018; 10.3410/f.732606682.793550055 et Boero F: F1000Prime recommandation of [Chapron G et al., Trends Ecol Evol (Amst) 201833 (9): 651-652]. In F1000Prime, 7 Sept 2018; 10.3410/f.732606682.793550227. Notre satire a été incluse dans la liste des 20 articles les plus influents en matière d'écologie de la conservation pour 2018 sur le blog ConservationBytes (« Les scientifiques ont lancé de nombreux avertissements aux hommes politiques et à la population en général, mais en vain: la frénésie de consommation doit continuer ! »)
Dans un article scientifique publié dans les Proceedings of the Royal Society B: Biological Sciences Blood does not buy goodwill: Allowing culling increases poaching of a large carnivore, nous avons évalué l'hypothèse selon laquelle la libéralisation des tirs de loups réduirait le braconnage et donc contribuerait à la conservation du loup. Nous avons constaté qu’autoriser l’abattage des loups était beaucoup plus susceptible d’accroître le braconnage que de le réduire. Nos résultats suggèrent donc qu'adopter une approche flexible dans la gestion des espèces menacées d'extinction pour lutter contre les comportements illégaux pourrait au contraire favoriser de tels comportements. Comme nous avions anticipé la nature controversée de nos résultats, j'ai saisi cette occasion pour expérimenter une autre façon de communiquer ces résultats scientifiques au public en produisant une vidéo légèrement satirique avec des figurines Playmobil. La vidéo consiste en 1 500 images prises dans une tente studio et assemblées dans un film de 3 minutes et la production a pris une semaine complète.
Notre article a en effet été controversé et les lecteurs intéressés peuvent lire également les trois réponses reçues de Pepin et al. Olson et al. et Stien que nous avons réfutées dans une première et ensuite une deuxième réponse.
Au détour d’un sentier dans un parc national des Alpes, l’auteur, chercheur en biologie de la conservation, croise un loup. Verbatim.
Le loup – Bonjour, scientifique, comment allez-vous ?
Le scientifique – Bonjour, loup 76-629, attendez, je dois vérifier votre numéro. Je suis scientifique, alors vous comprenez bien que je ne mets aucune émotion dans mes travaux et que vous n’êtes qu’un numéro dans mes calculs.
Le loup – Inutile de chercher mon numéro, je suis le loup de trop. Si je suis en dehors du parc national, je suis de trop, si je suis dans le parc national, alors le parc est de trop. C’est très simple.
Lire la suite dans la revue « La pensée écologique », une revue en ligne francophone et en accès libre abritée par les Presses Universitaires de France.
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